- Bonjour ! Vous êtes seul, Maxence ? Maxime n’est pas là ?
- Bonjour ! Non, il est parti
avec Argos.
- Vous vous habituez bien ici ?
Votre nouveau travail vous plaît ? demande Juliette.
- Oui, parfaitement. Maxime m’est
d’une aide précieuse grâce à sa longue expérience et la liste de ses
contacts.
- Cela fait combien de temps
que vous travaillez avec lui ? Trois mois ?
- Cela en fera quatre dans une
semaine. ? Le temps passe vite.
- Comment êtes-vous arrivé ici,
Maxence ? Je suis peut-être un peu indiscrète mais je n’ai pas beaucoup vu
Maxime ces derniers temps. J’ai l’impression qu’il m’évite.
- En fait j’étais depuis
longtemps un de ses clients et, quand il a proposé ses conférences et ateliers,
je m’y suis inscrit. Depuis toujours je suis féru de littérature. Au fil de nos
échanges, j’ai appris qu’il souhaitait remettre sa bouquinerie. J’étais alors
cadre dans une société d’investissement. Arrivé à un peu plus de quarante ans,
j’avais l’impression d’avoir épuisé tout l’attrait de la profession et je ne
pouvais plus espérer de grands avancements. De plus, la société venait d’être
rachetée par un consortium financier et des restructurations devaient avoir lieu.
J’en ai profité pour négocier mon départ dans de bonnes conditions financières
et, comme je venais également d’hériter d’une grosse somme d’argent, je n’avais
plus de soucis pour l’avenir. Dans quelques jours, Maxime et moi acterons, chez
son notaire, la vente du commerce. Il s’est proposé de rester à mes côtés
encore six mois environ pour faciliter la transition et sans doute aussi pour
qu’il puisse s’habituer progressivement à sa nouvelle vie.
- En effet, ce sera un grand
changement pour lui. Je me demande ce qu’il compte faire par la suite. Je ne le
vois pas rester inactif. Au fait, vous comptez apporter des modifications à la boutique ?
- Non, pas de grands
changements. J’y imprimerai mon style bien sûr mais je garderai ce qui en fait
le charme et qui est dû à son propriétaire actuel. Je ne sais pas si Maxime
voudra récupérer le miroir à parecloses que je trouve sinistre. Il n’est pas
trop piqué pour un au mercure mais il reste éternellement terne et paraît sale.
Ça ne va pas ici. Lui, il disparaîtra.
- Tiens, voilà justement notre
ami. Bonjour Maxime !
- Bonjour !
- Où est Argos ?
- Au pays de la jeunesse
éternelle où le soleil brille et où tout est en fleurs. Il a été euthanasié tout
à l’heure. On oublie que nos fidèles compagnons vivent moins longtemps que
nous.
- Oh, je suis désolée !
- Pourquoi l’être ? Il a
bien vécu. Il a été heureux et son heure était venue. Nul n’y échappe.
- Je ne te reconnais pas par
moment. Tu n’es pas si dur habituellement. Et je ne te vois plus beaucoup. Je
croirais presque que tu me fuis.
- Rien de spécial pendant mon
absence, Maxence ?
- Non, c’est très calme.
- Tu dois être rassuré, Maxime,
d’avoir enfin trouvé un repreneur.
- Je le suis surtout par le
fait que Maxence est, presqu’autant que moi, amoureux des livres. Avec lui, la
boutique sera en de bonnes mains.
- Je vais faire en sorte que
cet endroit vive encore longtemps et qu’il soit encore plus connu.
- Super ! Je vous laisse.
Je papote mais le temps passe. Je dois acheter de nouveaux articles de
papeterie pour renouveler mon fonds de commerce. À bientôt !
- À bientôt, Juliette !
répondent en chœur les deux hommes.